Michel Leter

Séminaires dirigés

au Collège International de Philosophie

(1990-1995)

 

 5. Projet de séminaire 1996 :

Critique de l'herméneutique

 

L'histoire récente des sciences sociales peut se résumer à une défaite de Marx, de Freud et de Dewey, sous la forme d'une herméneutisation inexorable de leurs doctrines. L'école de Francfort s'est chargée d'herméneutiser le marxisme et le freudisme (rejoint sur Freud par Ricur) ; Rorty entreprend - avec succès dans l'hexagone - une herméneutisation du pragmatisme. Il en va jusqu'aux défenseurs de la onzième thèse sur Feuerbach de Marx tel Ernst Bloch, qui ont dû paradoxalement ranger leur philosophie sous la bannière herméneutique.
Tandis que le lecteur semble avoir définitivement ruiné l'auteur, il n'est plus possible aujourd'hui de lire un texte sans le "recevoir" ou d'aborder le social sans faire allégeance à l'ordre herméneutique.
Or
- l'herméneutique est sans histoire puisqu'elle n'est compréhension, interprétation que du donné, ignorant ainsi la nécessité qui fonde le possible.
- L'herméneutique est sans projet, en ce qu'elle confond la liberté avec l'appréhension infinie - quasi nouménale - du sens.

Au fil d'une relecture des "pères" de l'herméneutique (Schleiermacher, Dilthey, Heidegger, Gadamer, Szondi et Jauss), le séminaire de l'année 1996 aura pour objet de préciser les termes de la critique heuristique de l'herméneutique, point de départ d'une recherche sur l'heuristique générale présentée au Ciph au mois de janvier 1995 pour la candidature à une direction de programme.