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            3. Séminaire
        1992-1993 : Education nationale et liberté : une approche heuristique
 a) présentation b) programme des séances     INTRODUCTION 1. De l'heuristique littéraire à l'heuristique
        généraleLe séminaire proposé présente les derniers
        prolongements, en philosophie politique, d'une réflexion
        esquissée en critique littéraire par une mise en
        cause de la monologie herméneutique des sciences humaines.
 Ce cycle de recherche fut inauguré par un séminaire
        donné en 1991 au Collège international de philosophie
        sous le titre de "Théorie de l'heuristique littéraire"
        dont s'est nourrie ma thèse, L'autonymie dans la poésie
        française : introduction à l'heuristique littéraire,
        laquelle - placée sous la férule de Michel Deguy
        - sera soutenue au cours de cette année 1993 à
        l'université Paris VIII.
 L'élaboration de cette heuristique générale
        s'est poursuivie en 1992 à la faveur d'un second séminaire
        donné au Collège, "Le beau, le vrai, le bien
        dans l'art contemporain", organisé en lien avec la
        galerie Alessandro Vivas dont j'assume la direction artistique.
 Les deux versants, poétique et plastique, de cette "esthétique"
        n'avaient pas seulement pour ambition de redéfinir les
        conditions d'une critique littéraire et d'une critique
        d'art, mais, avec pour horizon une philosophie pratique, de réarticuler
        la dimension politique de la liberté humaine à
        l'acte de création poétique et artistique.
 L'exercice de cette liberté n'est pas causa sui ; il ne
        conduit pas à la conception d'un art pour l'art mais nécessairement
        à une politique, qui donne à notre heuristique
        littéraire et picturale l'extension d'une heuristique
        générale conçue comme praxis d'émancipation
        par la connaissance créatrice, valeur dont il reste à
        déployer le volet économique.
 Un tel idéal de libération politique s'oppose
        aux généalogies nietzschéennes et foucaldiennes.
        Sa cristallisation autour de la question de l'éducation
        nationale sera présentée sous forme de prolégomènes
        à une critique de l'économie des savoirs dirigée
        autant contre le matérialisme historique ( et contre la
        notion même d'idéologie) que contre "l'empirisme
        pur" (et ses conséquences pragmatiques) qui fondent
        le libéralisme.Cette excursion en philosophie politique peut surprendre, mais
        elle tient à la fois au problème éthique
        et économique de la valeur rencontré lors des deux
        derniers séminaires - et que nous n'avons pu résoudre
        - et au caractère même de "l'indiscipline"
        heuristique. Rappelons pour tempérer cet aspect que le
        principal inspirateur d'Hans Kelsen n'est autre que le néo-kantien
        Hans Vaihinger qui développa la notion d'heuristische
        Fiktionen énoncée par Kant dans sa Critique de
        la raison pure1.
 Car le sujet du poème, le sujet de la peinture dès
        lors que s'appuyant sur la Wissenschafslehre de Fichte, on conçoit
        que l'être et la liberté trouvent leur unité
        dans le savoir (l'acte libre n'étant plus exclu de l'ontologie)
        et que la pratique de création est directement confrontée
        au politique comme forme d'exercice de la citoyenneté.
        Les heuristique littéraire, esthétique et politique
        appellent donc à la constitution d'une heuristique générale.
 2. Les termes philosophiques et cosmopolitiques du débat
        sur l'éducation nationaleLe débat politique qui se développe aujourd'hui
        sur l'éducation nationale n'est pour l'heure qu'une joute
        culturelle. Résolument inactuel par conviction historique,
        le séminaire proposé a pour ambition de contribuer
        à ôter sa force cinétique à l'affrontement
        sur l'éducation nationale, qui en France n'échappe
        pas à la rhétorique de la guerre des "deux
        écoles".
 L'accolement du terme liberté à celui d'éducation
        nationale est au demeurant paradoxal dans un pays où l'on
        confond encore la liberté et l'absence de laïcité.
        L'oxymore qui donne son titre à ce séminaire n'a
        pas non plus pour objet de faire croire, par on ne sait quelle
        profession de foi aveugle, que la liberté règne
        dans l'éducation nationale conçue comme un "système"
        qu'il conviendrait de réformer, de protéger (sur
        l'air de la défense des "acquis"), de décentraliser
        ou de supprimer comme pendant anachronique de "l'Armée
        Rouge"...
 L'autre déplacement est géographique - pour peu
        que l'on nous concède encore que toute philosophie laïque
        (toute philosophie des limites, pour reprendre les termes de
        Luc Ferry) tend, fût-ce relativement, à l'universel.
        Et il nous faut sur ce point faire un sort à cette croyance
        qui veut qu'il ait suffit que "la France" ait émis
        l'idée d'éducation nationale pour être la
        première à la concrétiser (tant il est vrai
        que fort des principes illocutoires selon lesquels dire c'est
        faire, la France dès lors qu'elle profère croit
        pouvoir se dispenser de faire). Là aussi, à l'instar
        de la Déclaration des droits de l'homme, la sauvage Amérique
        possède une avance notable puisque, outre-Atlantique,
        l'enseignement gratuit pour tous fut en vigueur dès 1830,
        et l'enseignement secondaire dès 1850.
 La redistribution des clivages qui brouillent les formes de notre
        imagination culturelle (et non pas notre Bildung) passe donc
        par la définition des limites de l'action de l'État.
        La société civile américaine est largement
        responsable de la mise en place de son propre système
        d'instruction publique, alors que nous ne concevons pas encore
        dans nos provinces de traduction de la volonté générale
        sans médiation de l'État. Le label "national"
        peut même en milieu anglo-saxon référer à
        l'antonyme de ce que nous entendons par ce terme. Ainsi en Angleterre
        les National Schools désignent des établissements
        privés issus en 1811 d'une société patronnée
        par de hauts dignitaires anglicans.
 On nous objectera sans doute que l'anglicanisme étant
        une église d'État, il conviendrait de relativiser
        l'aspect privé de ces National Schools.; on nous fera
        aussi remarquer que ces écoles populaires allemandes tant
        vantées sous le nom de Volksschüle ont été
        lancées par Luther, qui dans son Sermon sur la nécessité
        de mettre les enfants à l'école (1530) entendait
        éduquer les couches populaires non pour les émanciper
        mais pour leur donner l'accès à l'écriture.
        Il reste que la tradition protestante participe dans les pays
        anglo-saxons de l'essor de l'idée d'éducation nationale
        alors que le catholicisme, tant gallican qu'ultramontin, est
        perçu par le mouvement laïque français comme
        une puissante force d'opposition à cette idée.
 L'inexistence de ce clivage en milieu anglo-saxon signifie-t-il
        que seule la France peut incarner l'idéal laïque
        ? Comment expliquer alors que la reproduction des inégalités
        soit moins accentuée par l'autonomie des systèmes
        anglo-saxons que par l'hétéronomie française
        censée pourtant corriger l'inégalitarisme de la
        société ?
 Avant de tenter de répondre à ces questions, il
        nous faut reconnaître que les principes philosophiques
        de l'éducation nationale ne sont pas seulement posés
        par les penseurs français des Lumières (La Chalotais,
        Condorcet,...) et leurs homologues "lacédémoniens"
        (Saint-Just, Le Peletier, ...), mais aussi par les philosophes
        post-kantiens de la liberté (récusons une bonne
        fois pour toute l'étiquette "idéalisme allemand")
        : à savoir Fichte et Guillaume de Humboldt, ainsi que
        dans un second temps par les philosophes américains de
        la démocratie : John Dewey et Hannah Arendt (que l'on
        nous autorisera sur ce point à naturaliser).
 Car c'est bien ce qui fait défaut au débat qui
        se profile sur la réforme de l'éducation nationale,
        où l'on confond éducation et enseignement, action
        et politique; où la laïcité ne semble garantie
        que par l'intervention de l'État et la liberté
        que par son sommeil; et où le concept de nation est employé
        comme un absolu sans que son universalité paradoxale ait
        été interrogée.
 Dans ces conditions, il ne serait pas défendable de limiter
        notre approche au système baptisé hâtivement
        éducation nationale. Nous devons prendre l'éducation
        nationale pour ce qu'elle est, c'est-à-dire une idée
        comme l'est la liberté. Il ne peut y avoir aujourd'hui
        de discours sur l'éducation nationale ni a fortiori de
        proposition de réforme, si ce concept n'est pas interrogé
        dans son archéologie, sa conversion généalogique,
        dans la possibilité ou non de son universalité.
        Aussi l'éducation nationale dans son rapport ontologique
        au savoir et à la liberté n'est plus perçue
        comme un système qu'il conviendrait ou non de réformer
        ou d'abolir mais comme une idée liée à l'émergence
        de la démocratie et à sa pérennité.
 
 Chapitre I. - Genèse du concept d'éducation
        nationale dans sa relation à l'État démocratique et
        culturel.
 1. La naissance du concept et l'idéal laïque
        : L'Essai d'éducation nationale de La Chalotais (1763)
        A la faveur de l'expulsion des jésuites sous le coup des
        édits de 1761-1763, les parlements furent habilités
        à contrôler les charges d'enseignement laissées
        vacantes par la compagnie. Louis-René de Caradeuc de La
        Chalotais (1701-1785) saisit l'opportunité pour rédiger
        son Essai d'éducation nationale et plan d'étude
        pour la jeunesse, qui est immédiatement salué par
        Diderot, Grimm et Voltaire. Le plan réagit à l'orientation
        cléricale des études : "Un étranger
        s'imaginerait que la France veut peupler les séminaires,
        les cloîtres et des colonies latines. Comment pourrait-il
        supposer que l'étude d'une langue morte et des pratiques
        de cloître soient des moyens destinés à former
        des militaires, des magistrats ; des chefs de famille, propre
        à remplir les différentes professions dont l'ensemble
        constitue la forme de l'Etat2 ?" L'essai pose ainsi les
        premiers principes d'une laïcité à la française
        "Je ne prétends pas exclure les ecclésiastiques
        mais je réclame contre l'exclusion des séculiers.
        Je prétends revendiquer pour la nation une éducation
        qui ne dépende que de l'Etat parce que des enfants de
        l'Etat doivent être élevés par des membres
        de l'Etat3."
 2. La révolution française et les origines
        de l'État culturel : éducation nationale contre
        instruction publiqueLa révolution française voit s'affronter l'héritage
        grec et l'héritage des Lumières. Ce clivage correspond
        schématiquement à deux concepts distincts : celui
        d'éducation nationale, défendu par ceux qui, sur
        le modèle de la Grèce antique, souhaitent l'intervention
        de l'État dans tous les aspects de l'éducation
        du citoyen (Saint-Just, Lepeletier, Sièyes, Lakanal, ...)
        et celui d'instruction publique, défendu par ceux qui
        souhaitent la juste répartition des lumières (.Condorcet,
        Talleyrand, Jacquemont,...). L'éducation nationale, telle
        que la conçoit Rabaut de Saint-Etienne dans son rapport
        à la convention daté du 21 décembre 1792,
        tient à l'origine non pas tant de la politique de l'éducation
        nationale que de ce que nous appelons aujourd'hui la "politique
        culturelle". "Il faut distinguer l'instruction publique
        et l'éducation nationale. L'instruction publique demande
        des lycées, des collèges, des académies,
        des livres, elle s'enferme dans des murs. L'éducation
        nationale demande des cirques, des gymnases, des armes, des jeux
        publics ; des fêtes nationales ; le concours fraternel
        de tous les âges et de tous les sexes, et le spectacle
        imposant et doux de la société humaine rassemblée
        ; elle veut un grand espace le spectacle des champs et de la
        nature. L'éducation nationale est l'aliment nécessaire
        à tous, l'instruction publique est le partage de quelques-uns
        : elles sont surs mais l'éducation nationale est l'aînée4."
 La tonalité du discours de Jacquemont, partisan de l'instruction
        publique, est tout autre puisqu'elle présuppose l'autonomie
        : "Les vertus morales que nous avons désormais à
        cultiver ne sont pas celles qui appartiennent à des formes
        particulières de gouvernement, et dont les règles
        arbitraires avaient été tracées par la main
        du législateur. Ce sont celles que la raison indique,
        que l'expérience enseigne, que le sens intime proclame
        et dont les préceptes sont gravés dans tous les
        curs de la main bienfaisante de la nature. Leur effet général
        est d'embellir la société, et d'augmenter la somme
        du bonheur individuel : elles ne sont donc point en opposition
        avec les penchants naturels ; elles ne supposent ni efforts pénibles,
        ni institutions puissantes : elles doivent naître d'elles-mêmes
        sous les rayons vivifiants de la raison publique. Il ne faut
        donc qu'éclairer les hommes pour les attacher à
        leurs devoirs légitimes, à leurs intérêts
        véritables, à tous les éléments du
        bonheur général et particulier ; en un mot, c'est
        des lumières communes et de leur diffusion dans les diverses
        classes de la société que dépendent la liberté
        l'indépendance, le repos et la prospérité
        des nations libres. C'est donc vers l'instruction plutôt
        que vers l'éducation proprement dite que doivent être
        dirigées les vues du législateur5."
 Ainsi, et contrairement à ce que certains officiels du
        Bicentenaire ont proclamé c'est sur l'instruction publique
        et non sur l'éducation nationale que Condorcet va fonder
        sa théorie mathématique du suffrage universel.
        L'instruction publique, assurant l'égale répartition
        des lumières, est la condition sine qua non de cette théorie
        de la décision.
 Dans son premier Mémoire sur l'instruction publique (1791):
        Condorcet explique en trois paragraphes pourquoi "L'éducation
        publique doit se borner à l'instruction
 a) Parce que la différence nécessaire des travaux
        et des fortunes empêche de lui donner plus d'étendue.[...]
 b) Parce qu'alors elle porterait atteinte aux droits des parents.[...]
 c) Parce qu'une éducation publique deviendrait contraire
        à l'indépendance des opinions6."
 Le paradoxe est que nous avons aujourd'hui un système
        dit d'éducation nationale qui pourtant assure à
        peine les tâches d'une instruction publique !
 3. Fichte, Guillaume de Humboldt et les répercussions
        éducatives et politiques de la mise en prospective de
        l'a priori kantienPour peu que l'on dépasse les élucubrations que
        le Discours à la nation allemande de Fichte ont pu faire
        naître, on discernera que l'intérêt de ces
        discours réside dans la synthèse que Fichte y réalise
        philosophiquement entre éducation nationale et instruction
        publique. Selon les termes d'Alain Renaut dans son introduction
        à la traduction qu'il a récemment donné
        du texte de Fichte "Là s'esquisse [...] une conception
        de la nation obéissant à une autre logique encore
        que celles du contrat et du génie, une conception pour
        laquelle la nationalité est en effet pensée en
        termes, non pas d'adhésion pure et simple, ni d'appartenance
        pure et simple, mais d'éducabilité7".
 Mais c'est le renversement prospectif de l'a priori kantien dans
        l'acte libre du savoir qui marque l'originalité fichtéenne
        par rapport aux discours sur l'éducation nationale conçus
        comme programmes révolutionnaires. Comme le souligne Fichte
        "Cette tendance fondamentale de l'homme une fois transposée
        en connaissance claire ne s'applique pas à un monde déjà
        donné et existant, ne pouvant qu'être accepté,
        passivement, tel qu'il est, et dans lequel un amour qui incite
        à une activité originairement créatrice
        ne peut obtenir pour lui-même aucune sphère où
        se déployer; elle s'applique en fait, quand elle est élevée
        au rang de connaissance, à un monde qui doit advenir,
        un monde a priori, qui est à venir et le reste toujours8."
 Le concept allemand de national-Erziehung semble au demeurant
        calquée sur le français. Mais son extension est
        différente puisqu'il s'agit ici d'élargir un système
        déjà donné par la Volksschule. D'autre part
        les projets de Fichte et Humboldt se distinguent des théories
        françaises par leurs philosophies de l'État. Pour
        Fichte et Humboldt l'éducation précède l'État
        qui n'est pas encore le Vernunftstaat que la philosophie appelle
        de ses vux. C'est l'absence de réflexion philosophique
        sur l'État et ses limites qui a induit les révolutionnaires
        français à penser le contraire.
 Tirant, dès 1792 au retour d'un voyage en France, les
        leçons des échecs de la Révolution, le jeune
        Guillaume de Humboldt dans son Essai sur les limites de l'action
        de l'Etat met l'accent sur la supériorité de l'action
        spontanée et commune des citoyens sur l'action de l'Etat.:
        "Il faudrait donc, selon moi, que l'éducation la
        plus libre et le moins possible dirigée en vue des rapports
        civiques, se répandit partout9." Humboldt exhorte
        à ne pas "sacrifier l'homme au citoyen10" et
        conclue ainsi : "L'éducation publique me paraît
        donc être entièrement en dehors des limites dans
        lesquelles l'Etat doit renfermer son action11."
 En dépit des apparences, le Humboldt de la maturité,
        fondateur de l'université de Berlin, ne tiendra pas, en
        dépit des apparences un autre discours, car c'est bien
        sur l'éducation qu'il fera reposer le renouveau de l'Etat12
        et non sur l'action de l'État dans le domaine de l'éducation.
 4. John Dewey et les véritables conséquences
        du pragmatisme John Dewey est sans doute le philosophe qui a donné la
        critique la plus virulente de l'éducation nationale. Dans
        sa mise en cause de ce qu'il appelle "les philosophies idéalistes
        institutionnelles du XIXe siècle13", Dewey confond
        les philosophies du temps avec les développement institutionnels
        nationalistes auxquels elles sont censées avoir donné
        lieu. Contre "l'idéalisme" des philosophes allemands,
        Dewey va réactiver le mythe pédagogique de l'autonomie
        de l'enfant et la fonction égalitaire de l'éducation
        en reformulant ainsi la question sociale : "Est-il possible
        qu'un système éducatif soit placé sous la
        direction d'un État national sans qu'aucune des fins sociales
        du processus éducatif ne soit limitée, imposée
        et dénaturée ?14". L'originalité de
        Dewey par rapport aux théoriciens européens, c'est
        qu'il formule l'impératif social tout en critiquant l'étatisme,
        en opposant l'éducation nationale à ce qu'il appelle
        "l'éducation sociale". C'est ainsi que la question
        de la démocratie devient indissociable de celle de l'éducation
        : "la conception de l'éducation, en tant que processus
        social et fonction sociale, n'a pas de sens précis si
        nous ne définissons pas le genre de société
        à laquelle nous pensons15."
 En dépit de son affirmation de l'incommensurabilité
        de l'individu, Dewey doit, contre son gré, tenir compte
        du fait national (n'oublions pas que Democracy and Education
        paraît en 1916) : "l'idée de souveraineté
        nationale n'a jamais été plus forte en politique
        qu'elle ne l'est maintenant16."
 Il convient en outre d'observer que la critique faite par Dewey
        de l'éducation platonicienne porte non sur la méthode
        mais sur le cadre politique aristocratique où elle fut
        formulé. Ainsi contrairement à ce que Richard Rorty
        aime à nous faire croire, en opposant rigoureusement le
        pragmatisme au platonisme, John Dewey rend un hommage appuyé
        à Platon : "Il serait impossible de trouver dans
        un autre système de pensée philosophique une reconnaissance
        plus complète, d'une part de la portée éducative
        des organisations sociales, et, d'autre part, du fait que ces
        organisations dépendent des moyens utilisés pour
        éduquer les jeunes. [...] Malheureusement, la société
        dans laquelle la théorie fut proposée était
        si peu démocratique que Platon ne pouvait pas trouver
        une solution au problème dont il voyait si clairement
        les données17."
 On peut très bien reconnaître ces orientations sans
        partager la théorie de la connaissance de Platon. Pour
        le pragmatisme l'idée possède une valeur heuristique
        en ce qu'elle est une hypothèse d'action. Aussi, contrairement
        à ce que Rorty affirme, Dewey ne réfute pas le
        platonisme, mais en matière d'éducation il renverse
        pragmatiquement la dialectique platonicienne dont l'intelligible
        n'est plus la visée. Le sensible et l'hypothèse
        d'action dans le sensible en devient le terme.
 5. Hannah Arendt et l'impossible synthèse des modernités
        pédagogiques et politiques Hannah Arendt dans l'article qu'elle a consacré en 1961
        à la crise de l'éducation situe d'emblée
        l'enjeu spécifiquement américain de l'éducation,
        qui éloigne un peu plus l'idée d'une universalité
        de l'éducation nationale : "Pour la plupart des enfants
        d'immigrants, l'anglais n'est pas la langue maternelle et doit
        donc être appris en classe ; par suite, il est évident
        que les écoles ont à jouer un rôle qui, dans
        toute autre nation, serait naturellement assuré par les
        parents18."
 La nation issue du Novus Ordo Saeclorum ne n'est pas fondée
        sur le sang mais sur un contrat qui lie des immigrants à
        l'éducation. D'où le rôle politique nécessaire
        joué, en Amérique plus qu'ailleurs, par l'éducation.
        Nul part mieux qu'aux Etats-Unis la fondation de l'Etat par l'éducabilité
        théorisée par Fichte et Humboldt ne se vérifie
        dans de telles conditions de nationalité qui s'opposent
        pourtant radicalement au droit Allemand.
 Toutefois, évoquant l'exemple grec, Arendt souligne que
        le mot éducation "a une fâcheuse résonance
        en politique [...] Celui qui veut vraiment créer un nouvel
        ordre politique par le moyen de l'éducation , c'est-à-dire
        en ne faisant appel ni à la force ni à la contrainte,
        ni à la persuasion, celui-là doit se rallier à
        la terrible conclusion platonicienne : bannir tous les vieux
        de l'Etat à créer19."
 Ce règne du nouveau révèle un conflit entre
        l'absence d'autorité politique caractéristique
        de la démocratie américaine et l'absence d'autorité
        dans l'ordre de la pédagogie : "nulle part les problèmes
        d'éducation d'une société de masse ne se
        sont posés avec tant d'acuité et nul part ailleurs
        les théories pédagogiques les plus modernes n'ont
        été acceptées de façon si servile
        et si peu critique20." Selon Arendt, la cause de ce problème
        réside dans la primauté abusive de l'égalité
        dans la société américaine qui "va
        beaucoup plus loin que la simple égalité devant
        la loi21". Nous verrons comment Kelsen définit en
        démocratie le conflit entre la nécessité
        idéologique de l'égalité (Kelsen songe à
        la conception marxiste de la démocratie qui ne peut émerger
        que de l'abolition des classes sociales) et la nécessité
        formelle de la liberté qui seule, d'après Kelsen,
        garantit le fonctionnement démocratique des institutions,
        l'égalitarisme conduisant irrémédiablement
        hors de la sphère purement conventionnelle qu'est la démocratie.
 Fichte reprochait à Pestalozzi - dont il louait par ailleurs
        les méthodes- l'absence de perspectives politiques où
        inscrire sa pédagogie. Arendt y voit au contraire une
        aporie de la démocratie, consistant en une confusion dommageable
        entre la modernité politique et la modernité pédagogique
        : "ce n'est pas un hasard si l'endroit où l'autorité
        politique a d'abord été ébranlé,
        à savoir l'Amérique, est aussi celui où
        la crise actuelle de l'éducation se fait le plus sentir22".
 Arendt en impute implicitement la responsabilité au pragmatisme
        qui substitue le faire à l'apprendre (même s'il
        n'est pas nommé on peut y voir une critique de John Dewey).
        Arendt avertit toutefois le lecteur contre la tentation de retour
        à l'enseignement traditionnel que la volonté de
        voir restaurer l'autorité pourrait induire. C'est pourquoi
        elle en vient à réintroduire la famille en tant
        que garante de l'autonomie de l'enfant ( faut-il y voir une critique
        d'Engels et un retour à Hegel ?). Plus précisément
        cette critique d'inspiration kantienne redéfinit la séparation
        entre l'espace privé et l'espace public dans l'éducation,
        mais non plus en termes institutionnels et politiques (dans son
        rapport à l'État où le public serait l'étatique
        et le privé l'individuel) mais dans un rapport au monde
        qui commande la transmission de l'ancien. Cette transmission
        relève de ce qu'Arendt appelle la sphère "pré-politique".
        Et Arendt de conclure : "Évitons tout malentendu
        : il me semble que le conservatisme, pris au sens de conservation,
        est l'essence même de l'éducation, qui a toujours
        pour tâche d'entourer et de protéger quelque chose
        - l'enfant contre le monde, le monde contre l'enfant, le nouveau
        contre l'ancien, l'ancien contre le nouveau.[...] c'est justement
        pour préserver ce qui est neuf et révolutionnaire
        dans chaque enfant que l'éducation doit être conservatrice23."
 En tranchant pour la liberté et l'autonomie contre l'égalité
        hétéronomique, on peut dire qu'Arendt opte pour
        l'instruction publique contre l'éducation nationale.
 
   Chapitre II. - Prolégomènes éducatifs
à une critique de l'économie des savoirs
 La crise de l'éducation nationale n'est pas une crise
        de système. Elle procède de la crise herméneutique
        de la valeur. C'est donc à la critique heuristique de
        la "relever". 1. Critique heuristique du matérialisme historiqueL'heuristique générale met en cause la notion même
        d'idéologie qui est contestable dans son rapport déterministe
        à la connaissance. Ainsi la notion althussérienne
        "d'appareil idéologique d'Etat" appliquée
        à l'école reste heuristiquement obscur.
 La critique de la famille effectuée par Engels dans L'Origine
        de la famille, de la propriété privée et
        de l'Etat a banni pour longtemps la possibilité d'une
        réflexion de gauche sur la famille qui serait pourtant
        essentielle à la définition des fondements et des
        limites d'une éducation nationale. En la matière,
        nous gagnerions à nous pencher sur Pestalozzi qui est
        la référence de Fichte et de Humboldt en matière
        de pédagogie et préfigure tant Piaget sur le plan
        cognitif qu'Arendt sur le plan politique.
 La critique marxienne repose au demeurant sur des prémisses
        analogue à ceux de l'heuristique générale,
        puisque Marx dans sa onzième thèse sur Feuerbach
        affirme que la transformation du monde doit primer sur son interprétation.
 Mais c'est sur la question du sujet, l'heuristique littéraire
        nous l'a appris, que la transformation historico-heuristique
        diffère de la transformation historico-"matérialiste".
        En effet si le sujet n'existe pas l'autariat poétique
        est impensable. Or l'autariat existe. C'est cette activité
        du sujet qui doit fonder la propriété comme Fichte
        l'affirme dans ce qu'il considérait comme son meilleur
        livre : L'État commercial fermé (1800).
 d'un point de vu heuristique (et historique...), la critique
        de l'hégélianisme n'est pas tant postérieure
        à Hegel (Marx, Adorno, Derrida,...) qu'antérieure
        au "dernier des philosophes". Cette critique a priori
        peut être décelée aujourd'hui :
 a) dans la conception fichtéenne du savoir absolu qui
        est heuristique en ce qu'elle lie l'être et la liberté
        dans le savoir - d'où sa lecture de l'activité
        humaine comme Tathandlung (acte libre engageant le sujet créateur)
        et non comme Tatsache (acte réifié en fait).
 b) dans la primauté accordé par Guillaume de Humboldt
        à l'énergeia (l'acte) sur l'ergon (le travail)
        qui place la poétique de la parole au centre de l'économico-politique.
 Cette critique de la valeur-travail, qu'Adam Smith et les libéraux
        avaient imposée en économie et que Marx a repris,
        annonce une théorie heuristique de la valeur qui permettrait
        d'éclairer la transition actuelle d'une économie
        industrielle à une économie des savoirs.
 Cette émergence d'une économie des savoirs, où
        la notion d'emploi apparaît comme obsolète, ne sera
        émancipatrice pour le sujet que si elle s'adosse à
        une éthique et à une politique heuristique de l'éducation.
 2. Critique heuristique des généalogies de
        la valeur et du savoirLa présentation historique des concepts dans la généalogie
        foucaldienne a fonction de mettre en question leur valeur. J'ai
        tenté de démontrer dans le séminaire de
        1991 en quoi c'est une démarche inverse qui est en jeu
        dans l'heuristique littéraire, où la présentation
        uchronique a pour fonction historique de créer des valeurs
        par la désoccultation des textes poétiques.
 C'est pourquoi l'heuristique est normative et présente
        la création de normes non comme une oppression mais comme
        un des ressorts de la liberté. Dans les arts cette liberté
        n'est pas dissociable de la liberté politique dans la
        mesure où l'homme, et plus encore le citoyen, se définit
        par sa faculté de se réapproprier une langue par
        l'énergeia humboldtienne de la parole que Cassirer a repris
        tant dans sa Philosophie des formes symboliques que dans ses
        écrits politiques (c'est en inscrivant, presque titre
        pour titre,.ses pas dans ceux de Guillaume de Humboldt qu'il
        écrit le Mythe de l'État).
 3. Critique heuristique du libéralisme Les contempteurs de l'éducation nationale ont mobilisé
        ces derniers temps l'imagerie tératologique. L'éducation
        nationale est elle la figure du Léviathan ? ou pire ?
        car ce pouvoir absolu étant acéphale, contrairement
        au souverain, il ne peut susciter la révolution. Le contrat
        n'est-il pas devenu anonyme ?
 Faut-il inscrire ici la problématique juridique de l'éducation
        en relation avec celle des droits naturels ou plus précisément
        avec celle des droits de l'homme ? Si les droits de l'homme priment
        sur le droit positif instauré par les Etats, peut-on dire
        que, si l'éducation est un droit de l'homme, elle ne peut
        être nationale ?
 Le problème du libéralisme est qu'il se fonde sur
        la nature humaine et nie que la communauté nationale et
        son histoire puisse être des éléments constitutifs
        de la personne. C'est ce débat qui rend abstraites la
        théorie de Rawls et pertinentes celles d'Arendt et de
        Kelsen.
 4. Fondements politiques d'une économie des savoirs
        : l'autonomie heuristique de Vaihinger et de KelsenCurieusement les libéraux en sont restés à
        Locke et Hume et n'ont pas tiré les leçons politiques
        et économiques de la correction kantienne apportée
        à l'empirisme. Il faut en fait attendre Kelsen par l'intermédiaire
        de Vaihinger pour que l'empiro-criticisme infléchisse
        la pensée politique. Ce qui nous intéresse particulièrement
        ici c'est que Kelsen hérite de Vaihinger qui dans sa philosophie
        du "comme si" élabore une théorie du
        concept conçu heuristiquement comme une fiction créatrice.
        Cette philosophie qui eût pu recevoir une postérité
        littéraire a trouvé sa plus brillante application
        dans la théorie du droit démocratique de Kelsen.
 Pour Kelsen le système juridique est un ordre autonome
        de contraintes qui possède une structure hiérarchisée.
        Les évaluations juridiques se font non pas en fonction
        d'une norme fondamentale ou d'un principe de droit absolu, mais
        en fonction d'hypothèses qui se présentent comme
        des fictions heuristiques (par exemple telle ou telle constitution.
        Kelsen est l'auteur de la première constitution de la
        république autrichienne) validant le système et
        permettant sa transformation. Sans heuristique, il n'est pas
        possible de démontrer la validité des lois. Tout
        état pour Kelsen présuppose donc un concept juridique
        et non l'inverse.
 Ainsi deux types d'éducation et d'économie des
        savoirs sont envisageables : Le premier est celui de l'autonomie,
        où les destinataires des normes en sont aussi les auteurs;
        le second est celui de l'hétéronomie, où
        les citoyens sont soumis à des normes produites par d'autres.
 L'heuristique ne méconnaît pas les lois de la nécessité
        sociale, mais l'homme étant un animal politique, elle
        est contrainte d'admettre l'individu non pas tant comme vérité
        mais méthodologiquement à la façon de Schumpeter.
        C'est aussi, vis-à-vis du sujet, la démarche de
        Kant avec le subjectivisme méthodologique de l'impératif
        catégorique, dont le philosophe a heuristiquement besoin
        pour fonder la loi morale.
 Autonomie, heuristique, subjectivisme méthodologique,
        seule la prise en compte de ces trois dimensions pourrait nous
        permettre de lier la notion de liberté à celle
        d'éducation nationale.
     N O T E S   1. Cf. H. VAIHINGER, Die Philosophische des "Als ob"
        : System der theoretischen, praktischen und religiösen Fiktionen
        der Menscheit auf Grund eines idealistischen Positivismus, Reuther
        und Reichard, Berlin, 1913. 2. L.- R.DE LA CHALOTAIS, Essai d'éducation nationale
        et plan d'étude pour la jeunesse, Raynal, Paris, 1825,
        p.15 3. Idem. 4. Rabaut Saint-Etienne, Procès verbaux du comité
        d'instruction publique de la convention nationale, documents
        inédits sur l'histoire de France, tome 1, 15 octobre 1792
        - 2 juillet 1793, imprimerie nationale, Paris,1891, p.232. 5. F.-F.-V. JACQUEMONT, Tribunat. Rapport sur le projet de
        loi relatif à l'organisation de l'instruction publique,
        imprimerie nationale, Paris, an X, p.3. 6. CONDORCET, Ecrits sur l'instruction publique, vol. 1, Cinq
        mémoires sur l'instruction publique, édilig, Paris,
        1989, pp. 56-61. 7. J. G. FICHTE, Discours à la nation allemande, imprimerie
        nationale, Paris, 1992, p.42. 8. Idem, p.106. 9. W. von HUMBOLDT, Essai sur les limites de l'action de l'Etat,
        traduction Henri Chrétien, Paris, 1867, p.79 10. Idem, p.79. 11. Idem, p.84. 12. W. von HUMBOLDT, "Antrag auf Errichtung der Universität
        Berlin", in Werke IV, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft,
        pp.28-35. 13. J. DEWEY, Démocratie et éducation, traduction
        Gérard Deledalle, Armand Colin, Paris, 1990. 14. Idem, p.145. 15. Ibid., p.144. 16. Ibid. 17. Ibid., p. 136. 18. H. ARENDT, "La Crise de l'éducation"
        in La crise de la culture, folio-Gallimard, 1992, Paris, p.225. 19. Idem, p. 228. 20.Ibid , p. 230. 21. Ibid. 22. Ibid., p.245. 23. Ibid., pp. 246-247     
          COLLÈGE
          INTERNATIONAL DE PHILOSOPHIE
 Sciences, Intersciences, Arts
 1, rue Descartes 75005 Paris
           
          Michel Leter
          ÉDUCATION NATIONALE ET LIBERTÉ
          :
 UNE APPROCHE HEURISTIQUE
 février à juin 1994
          ____
 Le séminaire proposé cette année marque
        le troisième moment de la constitution d'une heuristique
        générale. Ce processus fut inauguré, dans
        les deux précédents, séminaires par une
        mise en cause de la monologie herméneutique de la critique
        en particulier et des sciences humaines en général.
L'heuristique générale pouvant être définie
        désormais comme une critique rationnelle du systématisme,
        nous n'aborderons pas l'éducation nationale comme un système
        "français" qu'il conviendrait ou non de réformer
        ou d'abolir, mais comme un des termes démocratiques du
        rapport ontologico-linguistique du savoir à la liberté.
 En nous appuyant principalement sur les écrits, projets,
        voire expériences des philosophes de l'éducation
        (les philosophes de la Bildung qu'il faut concevoir aujourd'hui
        comme modalité de la résistance au culturel), nous
        tenterons de résoudre l'aporie "hexagonale"
        du débat sur l'éducation, étant entendu
        que seule la convergence de l'autonomie et de la valeur heuristique
        peut nous laisser espérer que l'alliance du terme liberté
        à celui d'éducation nationale cesse un jour d'être
        perçue comme une oxymore.
 Ces séances tiennent lieu de prolégomènes
        à une théorie de la valeur heuristique qui annoncent
        le quatrième moment, économique, de la constitution
        d'une heuristique générale.
 .1 - Lundi 7 février de 18h à 20h
 au siège de l'USIC - 18, rue de Varenne 75007 Paris
 salle Jean XXIII (métro Sèvres-Babylone)
 Qu'est-ce que la laïcité ? Recherche aporétique d'une philosophie de l'éducation
        nationale
 Préambule : caractère ubuesque du débat
        actuel sur la loi Falloux - De l'heuristique littéraire
        à l'heuristique générale - Les termes philosophiques
        et cosmopolitiques du débat sur l'éducation nationale
        - Platon - Plethon - Modrevius - Vives - Comenius - Basedow -
        Inexactitude de l'opposition opérée par Dewey entre
        lumières et platonisme en matière d'éducation
        : l'exemple du projet de constitution sur la Corse de Rousseau
        - Genèse du concept d'éducation nationale dans
        sa relation à l'État démocratique et culturel
        - La naissance du concept et l'idéal laïque : L'Essai
        d'éducation nationale de La Chalotais (1763) - La révolution
        française et les origines de l'Etat culturel : le courant
        lacédémonien (éducation nationale) contre
        la sensibilité laïque (instruction publique) -Locke
        -Kant - Fichte, Guillaume de Humboldt et les répercussions
        éducatives et politiques de la mise en prospective de
        l'a priori kantien - Dilthey contre Humboldt - John Dewey et
        les véritables conséquences du pragmatisme - Hannah
        Arendt et l'impossible synthèse des modernités
        pédagogiques et politiques - Éducation nationale
        et nazisme : les inspirations françaises du pédagogue
        nazi Ernst Krieck et la signification de sa polémique
        avec Heidegger.
   2 - lundi 14 mars de 18h à 20h 18, rue de Varenne salle Jean XXIII
 Inanité de l'antinomie droit du sol/droit du sang
        : observations sur l'absence d'une philosophie
 de l'éducation dans la définition française
        de la nationalité
 Notions de base : nationalités administrative, réelle,
        positive, herméneutique, heuristique ; nations coercive,
        positive, herméneutique, heuristique ; éducations
        administrative, positive, herméneutique, heuristique -
        La distinction culturel/Bildung - De l'universel par la parole
        individuelle et la langue nationale : Isocrate et la paidea grecque,
        Comenius, Basedow, Leibniz, Condorcet, Sarah Fielding, Herder
        - Approches heuristiques de l'universel par l'actualisation individuelle
        de la la langue nationale : Bernhardi, Fichte, Humboldt, Dewey
        - Schiller : esthétique et éducation politique
        - Portée heuristique de la Weltlitterature de Goethe.
   3 - Lundi 28 mars de 18h à 20h 18, rue de Varenne - salle Jean XXIII
 La France contre l'éducationLa France contre la laïcité : observations sur la
        relation entre l'émergence des philosophies laïques
        de l'éducation et les sécularisations du protestantisme
        et du judaïsme - Le protestantisme - Le protestantisme libéral
        et l'éducation : Modrevius, Francke, Gilbert Romme, Ferdinand
        Buisson, l'institut Jean-Jacques Rousseau de Genève (Pierre
        Bovet, Adolphe Ferrière), les ambiguïtés de
        Schleiermacher, Dilthey et Max Stirner - Le judaïsme libéral
        et l'éducation : Vives, Sanches, Mendelssohn, Nephtali
        Herz Wessely, Durkheim, Georges Lyon, l'école de Marbourg,
        Alfred Adler, Janusz Korczak, Ivan Illich, Israël Scheffler,
        Paul Weiss, Henri Atlan - Les philosophes laïcs pour l'Amérique
        : Voltaire, Condorcet, Lakanal, Buisson - L'esprit laïc
        contre le militarisme français : Erasme, Modrevius, Vives,
        Ferdinand Buisson, Pierre Bovet, Célestin Freinet - La
        France dévorant ses enfants : Condorcet et Buisson réduits
        à l'archive - la seconde mort de Buisson, le silence des
        intellectuels français sur l'éducation à
        la paix - les véritables conséquence de la mixité
        laïque sur l'institution militaire - Remarques sur la notion
        d'idéologie au regard de l'uvre de Destutt de Tracy -
        Trois Janus français : a) Althusser à l'épreuve
        de la laïcité (l'école est-elle un "appareil
        idéologique d'Etat" ?) b) Bourdieu à
        l'épreuve du laïc (qui hérite de quoi ?) c)
        L'égalitarisme de Jacques Rancière à l'épreuve
        des mathématiques égalitaires de Platon et de Condorcet
        ; le contre-exemple de Makarenko.
   4 - lundi 16 mai de 18h à 20h 18, rue de Varenne
 salle Delacommune
 Prolégomènes à une théorie
        de la valeur heuristiqueCritique heuristique du matérialisme historique - Critique
        heuristique des généalogies de la valeur et du
        savoir - Critique heuristique du libéralisme - Fondements
        politiques d'une économie des savoirs : l'autonomie heuristique
        de Vaihinger et de Kelsen.
   5 - lundi 6 juin de 18h à 20h 18, rue de Varenne
 salle Delacommune
 Éléments pour un plan d'éducation
        nationaleContradictions relevées dans les critiques adressées
        par Popper et Cassirer à l'égard de la conception
        platonicienne de l'Etat - Apories de l'anti-hégélianisme
        de gauche (Engels) : l'absence d'un discours de gauche sur la
        famille et ses conséquences néfastes en matière
        de politique éducative - De l'Etat patron à l'Etat
        heuristique - Projet d'université : Les précédents
        plans de Schleiermacher, Fichte et Guillaume de Humboldt - rôle
        et limites de l'Etat - Fondation de l'association de préfiguration
        de l'université libre de Paris.
        
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